Ulcères gastriques équins : un examen approfondi

Equine Gastric Ulcers

Le syndrome ulcéreux gastrique équin (SUGE) se présente sous deux formes : épidermoïde (ESGD) et glandulaire (EGGD), selon leur localisation dans l'estomac. Tous les chevaux peuvent être touchés : poulains, chevaux de compétition, chevaux de plaisance, et même nos compagnons retraités.

Quels sont les symptômes des ulcères gastriques ?

Les symptômes des ulcères gastriques sont souvent vagues et non spécifiques, mais les symptômes suivants sont fréquemment rapportés :

  • Changement de comportement, par exemple, gros ou grincheux
  • Changement d'appétit ou ralentissement de l'alimentation
  • Coliques
  • Léthargique ou terne
  • Mauvaises performances
  • Mauvais état corporel

Comment diagnostique-t-on l’ulcère gastrique ?

Si vous suspectez un ulcère gastrique chez votre cheval, compte tenu des symptômes ci-dessus, consultez votre vétérinaire. Pour établir un diagnostic, votre vétérinaire pratiquera une gastroscopie (une caméra spéciale permettant d'observer l'intérieur de l'estomac et de visualiser les ulcères). Votre vétérinaire évaluera et décrira les ulcères en fonction de leur gravité et de leur localisation, puis prescrira un traitement si nécessaire.

Quelles sont les causes des ulcères gastriques ?

Les ulcères malpighiens (ULC) affectent le tiers supérieur de l'estomac et sont généralement causés par des projections d'acide gastrique sur la paroi gastrique non protégée. Les facteurs de risque d'ulcères malpighiens incluent :

  • Privation de fourrage pendant la journée et donc manque de mastication et de tamponnement de la salive
  • Manque d'accès à l'eau
  • Régimes riches en amidon
  • Alimentation à la paille
  • Exercice intense
  • Changement de logement
  • Transport
  • Manque de contact quotidien entre chevaux
  • Stresser

Les ulcères glandulaires (EGGD) affectent les deux tiers inférieurs de l'estomac, là où celui-ci est tapissé de tissu glandulaire. La région glandulaire de l'estomac est responsable de la production d'acide gastrique et bénéficie d'une protection naturelle contre cet acide grâce à sa muqueuse gastrique et à la présence d'ions bicarbonates. Il reste encore beaucoup à apprendre sur la cause de ce type d'ulcère, mais nous pensons actuellement qu'il est dû à une défaillance de la muqueuse gastrique.

Quelle est la fréquence des ulcères gastriques ?

Les ulcères gastriques constituent un problème majeur chez les chevaux de compétition. Les chevaux de course sont fréquemment atteints d'ulcère gastroduodénal (EGGD), certaines études faisant état de 80 à 100 % des chevaux à l'entraînement touchés. Des études ont montré que 66 à 93 % des chevaux d'endurance en saison de compétition pourraient être touchés par l'EGGD. Les chevaux domestiques qui participent rarement aux compétitions ou sortent rarement de l'écurie présentent le risque le plus faible d'ESGD, avec 11 % des chevaux touchés. L'EGGD est moins bien comprise, mais une étude a révélé que 54 % des chevaux de loisir et 64 % des chevaux de sport souffraient d'ulcère gastroduodénal. L'EGGD affecte non seulement les performances, mais aussi le bien-être du cheval. Il est donc essentiel de tout mettre en œuvre pour que nos chevaux restent confortables et sans ulcère.

Comment l’ulcération gastrique affecte-t-elle les performances et le bien-être ?

Les ulcères gastriques sont douloureux. Pendant l'effort, la pression abdominale augmente et l'estomac se contracte, ce qui peut réduire l'amplitude des foulées et entraîner une résistance au rassemblement ou à l'extension des foulées, probablement due à la douleur sous-jacente. Chez les chevaux d'obstacle, ils peuvent également provoquer un refus de sauter. Cela limite également la progression de l'entraînement et ces chevaux ont tendance à se fatiguer plus rapidement.

Que pouvez-vous faire pour réduire le risque d’ulcères gastriques ?

La gestion et la réduction du stress sont essentielles, et l'alimentation joue un rôle crucial. Les recommandations suivantes peuvent contribuer à réduire le risque d'ulcères gastriques :

Gestion diététique :

  • Assurez un accès continu aux pâturages ou au fourrage (n'oubliez pas de consulter votre vétérinaire ou votre nutritionniste si votre cheval est en surpoids ou suit un régime alimentaire spécifique). Ceci est particulièrement important en journée (de 7 h à 23 h), car le cheval a un rythme circadien naturel de recherche de nourriture et mange généralement moins la nuit. Il est important de noter que l'apport de fourrage à volonté ne garantit pas toujours une alimentation suffisante ; il est donc important de noter la quantité réelle ingérée par le cheval.
  • Les fibres ont l’avantage d’augmenter la production de salive lors de la mastication, ce qui constitue un effet tampon naturel sur l’acide gastrique, mais elles créent également un tapis fibreux dans l’estomac qui réduit les éclaboussures d’acide.
  • Si la paille est intégrée à une alimentation équilibrée pour chevaux ou poneys, elle ne doit pas être la seule source de fourrage et ne doit pas dépasser 0,25 kg pour 100 kg de poids vif. Veuillez noter que cette règle ne s'applique pas aux ânes, car la paille peut constituer une excellente source de fourrage principale pour eux.
  • Donnez à votre cheval une petite quantité de fourrage ou de balle 30 minutes avant l'effort pour favoriser la formation d'un tapis fibreux dans l'estomac et réduire les remontées acides. Il a été démontré que 300 g de foin seulement ont un effet tampon significatif.
  • Réduisez la quantité d'amidon/céréales donnée, en veillant à ce que chaque repas ne soit pas trop copieux. Remplacer certaines calories provenant de l'amidon par de l'huile végétale, comme l'huile Equine America Supreme Omega, peut être judicieux. L'huile peut également être bénéfique pour la santé gastrique. Votre nutritionniste ou votre vétérinaire pourra vous conseiller sur les besoins spécifiques de votre cheval.
  • Si une alimentation concentrée est nécessaire, divisez-la en 2, idéalement 3 repas par jour.
  • Encouragez le comportement naturel de recherche de nourriture en proposant du fourrage à différents endroits de l’écurie.
  • Assurer un accès constant et gratuit à l’eau fraîche.
  • Les électrolytes supplémentaires sont essentiels pour la santé et les performances après une perte de sueur, mais ils ne doivent pas être administrés à jeun.
  • Des suppléments tels que les granulés ou la solution Uls-Gard peuvent fournir une nutrition ciblée pour la santé et le confort gastriques, plus d'informations sur les ingrédients plus tard.

Gestion de l’exercice :

  • Le moment de l'exercice peut être envisagé, même si ce n'est pas toujours pratique ! L'après-midi est le moment le plus judicieux pour l'exercice (pour la santé gastrique), car les mécanismes de protection normaux devraient être à leur maximum et le cheval devrait avoir mangé suffisamment de fourrage au cours de la matinée.
  • Les chevaux sujets à l'EGGD devraient avoir au moins 2, idéalement 3 jours de repos par semaine.
  • L’exercice doit être limité à un total moyen de moins de 40 minutes par jour au trot ou plus vite.

Autres considérations de gestion :

  • La routine est importante, essayez de limiter au minimum les changements de gestion.
  • Minimiser les facteurs de stress sociaux tels que l’intimidation entre camarades d’écurie.
  • Une sortie quotidienne au pâturage est susceptible d'avoir des avantages, non seulement en raison des bienfaits connus de l'herbe, mais aussi potentiellement en raison d'une socialisation accrue (avec un compagnon) et d'une réduction du stress.
  • Assurez-vous que votre cheval bénéficie d'une compagnie appropriée et amicale sous la forme d'un compagnon équin pour permettre aux chevaux d'afficher des comportements naturels tels que le toilettage pour réduire le stress.
  • Une étude menée en Australie a révélé que le fait d'écouter des émissions de radio à leurs chevaux augmentait le risque d'ESGD, alors choisissez judicieusement votre station de radio !

Ces recommandations sont générales et des conseils spécifiques concernant votre cheval ou poney doivent être demandés à votre vétérinaire et/ou à votre nutritionniste équin.

Quels sont les ingrédients clés des suppléments de soutien gastrique et quelles sont leurs preuves ?

Avec autant de compléments alimentaires pour le soutien gastrique sur le marché, choisir peut être difficile et complexe ! Voici quelques ingrédients clés à prendre en compte pour faire votre choix.

  1. Huiles

Les huiles sont utilisées depuis longtemps pour favoriser la santé gastrique. L'huile de maïs a dominé les recherches grâce à sa grande disponibilité aux États-Unis. Cependant, des huiles comme l'huile de lin, riche en acides gras oméga-3, se sont également révélées bénéfiques.

  1. Pectine et lécithine

La pectine et la lécithine favorisent la production de mucus dans les sucs gastriques et forment une barrière gélatineuse sur la partie non protégée de la paroi gastrique. Leur synergie a été démontrée lorsqu'elles sont associées à d'autres ingrédients d'un complément gastrique.

 

  1. Prébiotiques, probiotiques ( saccharomyces cerevisiae ) et postbiotiques

La santé du microbiome est essentielle à la santé globale du cheval. Des avancées passionnantes sont constamment réalisées, mais ce domaine est vaste et nous avons encore beaucoup à apprendre. Prébiotiques, probiotiques et postbiotiques ont tous démontré leurs bienfaits pour la santé du cheval. En soutenant le microbiome, nous pouvons favoriser son bien-être et ses performances. Le cheval moderne est soumis à de nombreux stress et défis susceptibles de perturber son microbiome, tels que les changements d'enclos (en raison des inévitables changements de fourrage et de structure du troupeau), les maladies ou blessures (notamment lorsque des antibiotiques sont nécessaires), les entraînements intenses, les programmes de compétition chargés et les voyages fréquents. Tous ces facteurs peuvent perturber le microbiome, avec des conséquences potentielles allant d'une légère baisse de la production d'énergie ou de l'immunité à des conséquences plus graves et évidentes comme les coliques. Les prébiotiques, probiotiques et postbiotiques peuvent tous contribuer à soutenir et à maintenir un microbiome sain.

  1. Réglisse

Également connu sous son nom latin, Glycyrrhiza glabra , cet ingrédient est utilisé en phytothérapie traditionnelle depuis plus de 4000 ans pour soutenir les facteurs de défense de la muqueuse gastrique, mais des recherches récentes démontrent qu'il est toujours d'actualité aujourd'hui.

  1. Calcium et magnésium

Le calcium et le magnésium favorisent la digestion des acides gastriques et un pH intestinal sain. La source de calcium et de magnésium est particulièrement importante chez les chevaux traités par oméprazole, car des recherches ont montré que la digestibilité du calcium est améliorée par une source d'algues marines (aussi appelées maërl) comparativement à d'autres sources de calcium.

  1. Acide hyaluronique

L'AH est couramment présent dans les compléments alimentaires pour les articulations en raison de son rôle dans la viscosité du liquide synovial, mais des recherches récentes ont montré ses bienfaits pour l'estomac, en formant un revêtement gélatineux sur la paroi de l'estomac.

  1. Bêta-glucanes

Les bêta-glucanes sont des polysaccharides extraits des parois cellulaires des levures, des algues et des champignons. Il a été démontré que les bêta-glucanes contribuent grandement au système immunitaire et à la santé intestinale globale, et aident à gérer la réaction au stress, ce qui est particulièrement important lors des voyages. Des recherches ont également suggéré qu'il pourrait être utile de donner ces nutriments aux chevaux avant les événements stressants.

Cette liste n'est pas exhaustive, mais elle contient certains des ingrédients les plus solides. La recherche se poursuit constamment et notre équipe technique composée de vétérinaires et de nutritionnistes examine en permanence nos produits pour garantir leur pertinence et leur validité scientifique.

Si vous souhaitez en savoir plus ou obtenir des conseils nutritionnels pour votre propre cheval, n'hésitez pas à vous adresser à notre équipe technique composée de vétérinaires et de nutritionnistes expérimentés.

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